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Faire formation – une adresse aux étudiants en temps de Covid

Contexte général

À l’occasion du premier confinement, notre ministère d’attache a tout d’abord demandé la fermeture des centres de formation en travail social aux étudiants, ce à quoi s’est ajoutée le passage en télétravail pour les salariés. Ensuite, il nous a été demandé d’assurer, a minima, 50 % du temps de formation[1]il faut savoir que la quantité temporelle est un élément prescriptif fondamental pour définir nos dispositifs de formation, cf. le chapitre « Temps et rythmes du dispositif » de mon travail … lire la note

Dans ce contexte, à notre échelle, il a été décidé de suspendre l’emploi du temps prévu pour les formations en cours et donc, l’agencement de créneaux horaires et de contenus que nous aurions pu épurer de 50%. À la place, nous avons proposé des « séminaires » hebdomadaires, à savoir des listes de ressources avec des consignes de travail et éventuellement un rendu volontaire. Il était comptabilisé que chaque séminaire valait 14h de travail estudiantin, soit 4 demies-journées de formation sur les 10 que compte une semaine dans notre organisation type. À cela, s’ajoutait la possibilité pour chaque filière et chaque année de prévoir une ou deux demies-journées de formation spécifique, ce qui donnait d’ailleurs une élasticité aux semaines. Pour la seconde année des éducateurs spécialisés, nous avons par exemple organisé des temps d’analyse de situations éducatives en petits groupes avec les étudiants qui étaient disponibles.

Il me semble juste de dire que cette proposition amenait une transformation assez forte du rythme formatif habituel. Là où il y avait généralement une thématique traitée à chaque demi-journée de la semaine avec des consignes de travail en groupe ou un cours ou un groupe d’échange, voire un séquençage de ces modalités sur une même demi-journée, les étudiants avaient soudainement la proposition de divaguer à leur rythme dans une masse très riche de ressources.

Une formation arrêtée ?

De leur côté, les étudiants, du moins de la promotion dont j’étais le coordinateur (56 éducateurs.trices spécialisés.ées en deuxième année), les situations individuelles dans le contexte de la COVID ont été variées. Plusieurs ont trouvé des remplacements sur les postes des travailleurs sociaux en arrêt pour garde d’enfants. D’autres s’occupaient de leurs enfants. Certains travaillaient dans d’autres secteurs, pour leur besoin ou pour aider l’entreprise familiale par exemple. Encore, d’autres n’avaient aucune de ces activités. La disponibilité habituelle que les étudiants avaient pour la formation (inégale entre eux, évidement, en fonction des paramètres économiques et familiaux) se transformait avec cette expérience inédite.

À la suite, je mets en téléchargement un texte adressé à cette promotion pour leur faire une proposition de réflexion quant à la manière d’évaluer les deux mois de confinement sur un plan formatif. Si le dispositif habituel était en suspens, leur formation s’était-elle pour autant arrêtée ? Ce temps, malgré des disponibilités variées, n’avait-il pas été l’occasion de se former autrement ? Par contraste, il permettait aussi de parler du régime habituel de la formation en travail social. Et ce texte s’accompagnait d’un schéma tentant de proposer une vue du cheminement formatif.

Mais avant tout, voici le message qui portait ce texte à l’attention des étudiants :

Bonjour à vous,

Depuis le point promo de la semaine dernière, j’ai une question qui me tourne en tête : qu’est-ce qu’être en formation ? Elle me vient de vos retours sur les séminaires où plusieurs ont dit ne plus être impliqués dans la formation. Pour autant, ces mêmes personnes lisent, écoutent des podcasts, travaillent, en bref continuent de cheminer dans et vers le métier, même si ce n’est pas à travers les outils directement fournis par le dispositif de formation. 

Puis, il y en a aussi certains qui partagent un sentiment de « trop » de commandes[2]Écrits demandés par le centre de formation et qui, dans ce cas présent, l’ont été tardivement. pour le mois de Juin. 

En pièce jointe, un texte, pour vous proposer de réfléchir à ce qui fait formation pour vous, vous inviter à investir les propositions et commandes d’une manière qui fasse sens pour vous et pas simplement parce que ce sont des exigences du dispositif. Et ainsi un petit schéma pour représenter la manière dont j’imagine une trajectoire de formation dans un dispositif linéaire. 

Sébastien

Télécharger le texte « Faire formation« 

Télécharger le schéma « Marelle formative« 

Notes

Notes
1 il faut savoir que la quantité temporelle est un élément prescriptif fondamental pour définir nos dispositifs de formation, cf. le chapitre « Temps et rythmes du dispositif » de mon travail de thèse.
2 Écrits demandés par le centre de formation et qui, dans ce cas présent, l’ont été tardivement.